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Galerie des portraits

Ç’ui qui connaît quelqu’un qu’a bien connu untel
Qui sait de source sûr’ ce que nous allons voir
Le déjoueur de complots à coups d’ADSL
Lui qui prétend penser, mais qui ne fait que croire

Le tonton téléphage qui se dit cinéphile
Parc’ qu’il a vu dix fois, Bienvenue chez les Ch’tits
On peut fair’ des colliers des perles qu’il enfile
En attendant, vas-y, remets-en un petit

Monsieur le petit chef qui se prend pour quelqu’un
Qui n’est même pas chef, qui est juste petit
Puis le cireur de pomp’s, ces deux-là ne font qu’un
Donnant à chaque jour sa gueule de lundi

Galerie des portraits on s’attache à certains
Que l’on s’y reconnaisse ou qu’ils soient nos contraires
Des beaux illuminés et de sombres crétins
Pleins de tics et de tocs, et de petits travers

Mademoisell’  Nombril qui dit, personn’ ne m’aime
Qu’a pas tout à fait tort à force de le dire
Le mytho sympathiqu’ qu’on veut croire quand même
Tant la vie qu’il s’invent’ peut prêter à sourire

Y a le pote bavard qui vous prend pour son psy
Aux abonnés absents dans les jours de tempête
Et monsieur Je-sais-tout, même des inepties
Promis, juré, cliqué, il l’a vu sur le Net

Cell’ qui dit ne pas croir’ ce qu’on dit au journal
Qu’on nous prend pour des cons, et qu’on le cherche un peu
Qui enchaîne pourtant sur votre thème astral
Vous priant sans sourir’ de la prendre au sérieux

Dans notre répertoir’ traînent quelques surnoms
Des numéros piégés, que l’on garde quand même
Des boulets attachants où nous nous enchaînons
Et qui ne sont peut-êtr’ qu’une part de nous-mêmes

Y a le bougon râleur, mais le cœur sur la main
Qui se donne des airs pour garder ses distances
Et monsieur tout sourir’ qui n’en pense pas moins
Entre l’hypocrisie et la douce élégance

Le réac nostalgique, pléonasme ambulant
Qui attendra demain pour kiffer son hier
Le donneur de leçons, péremptoire et soûlant
Semblant faire à ses cours l’école buissonnière

La commèr’ de servic, toujours prompte à juger
Qui devrait balayer devant son tribunal
Et ce libre-penseur à coups de préjugés
Tellement prévisibl’ qu’il en devient banal

Ell’s n’ont rien d’insolites nos petites rencontres
Sur le terreau fertile où fleurit l’entre-soi
Pour un con qu’on évite, une meute se montre
Pas de quoi pavoiser, il se peut qu’on en soit

Y a celui qui veut jouer à qui piss’ le plus loin
Constellant à coup sûr le bout de ses godasses
Ce macho ordinair’ remuant de son groin
Des idées féminist’s, qui bien sûr le dépassent

La cousine un peu peste aux repas de famille
Affutant ses critiqu’s, formant ses petits clans
Et puis là, pauvre chien, dans ce grand jeu de quilles
Cette trop bonne pâte qui lui prête le flan

Ce voisin météo qui jamais ne varie
Vous tenant tant la grapp’ qu’on pourrait vendanger
Le blagueur Carambar des premières caries
Dont la blagu’ la moins courte est, qu’il n’a pas changer

Galerie des portraits tendus comme une glace
J’en connais quelques-uns et j’en évite d’autres
Que l’on s’y reconnaisse ou que l’on s’en agace
On craint que le reflet, nous dise, il est des nôtres

C’ui qu’à tout vu tout fait, on en a l’habitude
Et qui cause, et qui cause, à frôler la surchauffe
Le rasta d’opérett’ dans sa cool attitude
Voilant sous sa fumée ses tendances de beauf

Le rebell’ de comptoir qui répète à tout-va
Qu’on ne peut plus rien dir’, mais qui le dit pourtant
Et ce benêt tout fier de l’idée qu’il trouva
Répétant simplement les conn’ries qu’il entend

Et pour finir au jeu fortuit des ressemblances
Sa gal’rie de portraits en règlement de compte
Et cachant sous ses rim’s les vacheries qu’il balance
L’Orelsan en carton, et qui se la raconte

Philippe Thivet
(22/02/2023)