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Chanter, chanter, la belle affaire!

La fill' timide des coulisses
Est venue me dire en tremblant :
Derrièr' le grand rideau qui plisse,
J'entends, j'entends, j'entends des gens.
Pas le moment de faire un' scène,
‘l est encor' temps de s'en aller,
D'aller traîner ton âme en peine
Dans les ruell's et les allées.
A quoi bon toutes ses lumières,
Quand la pénombre est accueillante ?
La fill' timide, là derrière,
Ne voudrait-ell' pas que je chante ?

Chanter, chanter, la belle affaire !
Quand il n'y a rien à y faire.

La fill' que j'ai vue dans la loge,
S'est prise au jeu de mes miroirs,
Je vois son œil qui m'interroge :
Vas-tu vraiment aller les voir ?
Les gens sont là dans un fauteuil
S'offrant ta têt' sur un plateau,
Faut-il vraiment que tu le veuilles
Pour aller fair' ton numéro.
A quoi bon l'air que l'on déplace
Dans cette vie qui nous grignote ?
Pour cette fill' vue dans la glace,
Je veux en fair', des mots, des notes.

Chanter, chanter, la belle affaire !
Quand il n'y a rien à y faire.

La petit' fill' qui me ressemble,
Pourtant vous donne le bonsoir,
Entendez donc sa voix qui tremble
Tout à côté, là dans le noir.
Aurait-ell' tant de chos's à dire
Sous sa pudique politesse,
Et cette envie de vous offrir,
Ses états d'âme et ses richesses ?
A quoi bon flâner par ici
Si ce n'est pas pour y chanter ?
La petit' fill' que je vous dis,
Vraiment ne s'y est pas trompée.

Chanter, chanter, la belle affaire !
Quand il n'y a rien à y faire.

La fill' timide des coulisses,
Pourtant sait bien qu'à chaque fois,
Doute et besoin se font complices
Pour venir donner de la voix.
Piano, piano, je viens à vous,
Entre le jazz et la chanson,
Pas pris mes jambes à mon cou,
Et le pied de micro tient bon.

A quoi bon cacher mon envie
De venir vous trouver ce soir ?
La fill' timide que je suis,
Est bien contente de vous voir.

Chanter, chanter, la belle affaire !
Quand il n'y a rien à y faire.

Philippe Thivet
(19/09/2004)