Monsieur Magritte

Pour ce soleil couchant
En mille éclats de verre
Cette fenêtre ouvrant
Sur d’autres horizons
Pour cet oiseau de proie
Aux légèr’tés de pierre
Pour tout ce que l’on croit
Et qui n’est qu’illusion

Pour ce modèle nu
A la chair du pinceau
Ce château retenu
En suspens sur la mer
Pour cet objet de bois
Qui fleurira bientôt
Pour tout ce que l’on voit
Pourtant caché derrière

Et pour cette heure dite
Où les ombres méditent
Chapeau ! Monsieur Magritte

Pour la flamme intrigante
D’une lune en croissant
L’épine menaçante
De la rose au poignard
Pour ce banal objet
Dont l’image nous ment
Pour tout ce qu’il en est
Que l’on ne sait pas voir

Pour ce fusil sanglant
Bien mieux qu’un long discours
Ce grand oiseau planant
Emplumé de nuages
Pour ce tableau parfait
Débordant ses contours
Pour tout ce que l’on sait
Et qui n’est que mirage

Et pour cette heure dite
Où les ombres méditent
Chapeau ! Monsieur Magritte

Pour la femme-sirène
Au buste de poisson
La lectrice qu’aliène
Cet effroi captivant
Pour ces souliers de chair
En pleine mutation
Pour tout ce qui nous perd
Et qui n’est qu’apparent

Pour cette eau dans les voiles
D’un navire-océan
L’oxymor’ pictural
De l’Empir’ des lumières
Pour ce front de statue
Qui se tache de sang
Pour tout c’ que perpétuent
Nos pensées buissonnières

Et pour cette heure dite
Où les ombres méditent
Chapeau ! Monsieur Magritte

Philippe Thivet
(07/04/2011)