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Les amants du Lutetia

(à Georgette et Bernard...)

 On les a vus ce soir
Passer main dans la main
Aux reflets des miroirs
D’un hôtel parisien

 Un couple d’amoureux
Comme au tout premier jour
A peine un peu plus vieux
Le pas un peu plus lourd

 Eux que l’on appela
Amants du Lutetia

 On a vu cette nuit
Passer dans le grand hall
Ces vieillesses unies
Epaule contre épaule

 D’une simple élégance
A peine surannée
Soulignant en silence
La force des années

 De ceux que l’on nomma
Amants du Lutetia

 On devine le reste
Au creux de l’oreiller
La tendresse du geste
Avant de sommeiller

 Deux âmes endormies
A jamais solidaires
Chacune la demie
De l’autre à part entière

 Eux que l’on nommera
Amants du Lutetia

 On a vu ce matin
Deux amants allongés
Gisant main dans la main
Dans leur nuit prolongée

 Deux vies à peine éteintes
Brûlantes de passion
Poussant dans leur étreinte
Un cri à l’unisson

 Ceux que l’on gardera
Amants du Lutetia

 On a lu cette lettre
Laissée à leur chevet
Quelques adieux peut-être
Dignes et sans regrets

Quelques mots pour nous dire
Qu’il serait temps, enfin
D’avoir le droit d’écrire
Soi-même le mot, fin

 
Partis à petits pas
Amants du Lutetia

 Philippe Thivet
(28/11/2013)