Le manège du parc

Comble de l’ironie
Le camion de pompiers
Attrappe le tournis
Dans un rond de fumée

Ce soir le vieux manège
A fait son dernier tour
Son cœur se désagrège
Dans l’étau de ce four

Les grands chevaux de bois
Aux crinières de feu
N’auront pas fait le choix
De ce mot malheureux

Quelques larmes d’enfants
Contre cet incendie
Quand même l’éléphant
N’y aura pas suffit

Sombre étoile filante
En sa traînée de suie
La soucoupe volante
Vers le ciel s’est enfuie

Le manège du parc
Brillant de petits yeux
Dans le vent qui l’embarque
Eteint son dernier feu

La moto sans moutard
Est sortie de la route
Il est déjà trop tard
Pour le remettre en doute

La belle auto pimpante
L’incendie à ses trousses
Sous les feux de la rampe
A dû stopper sa course

Voraces étincelles
Au cou de la girafe
Redisent de plus belle
Que le vampire à soif

Le manège enchanteur
Des sorties de l’école
Emporte les quatre-heures
Dans sa ronde trop folle

Les rires des gamins
Jouant aux super héros
Se sont tus ce matin
Autour du braséro

Est-ell’ si loin l’enfance
De ces deux incendiaires
Reniant cette danse
Où ils tournaient hier

Inventant aux nuages
Les formes les plus folles
Licornes de passage
Chevaux qui caracolent

Dans le ciel tout là-haut
Les marmots, les mam’zelles
Voient tourner le plus beau
De tous les carrousels

Ce soir le vieux manège
Y tourne pour de bon
Quelques flocons de neige
En guise de pompon

Philippe Thivet
(16/01//2019)