La meute

La meute est isolée
Dans les hautes futaies
Les chiens sont muselés
Tout le monde se tait

La peur est à nos portes
Fermées à double tour
Ce que le vent apporte
N’est pas que de l’amour

Chacun baisse la tête
Au passage des autres
Qui cherche son prophète
Qui cherche ses apôtres

Pour un peu de lumière
À l’éclat des vitraux
Ils tombent en prière
Devant les chaîne(s) info

La meute grogne un peu
Pour un os à ronger
Entre sauve-qui-peut
Et mépris du danger

Pour un roquet savant
Qui ameute son monde
Déjà l’odeur du sang
Se renifle à la ronde

On lui montre du doigt
Quelque bouc émissaire
Voyez comme elle aboie
Comme ses dents se serrent

Ils n’ont que de la gueule
Pavlov est sur le coup
Pour se sentir moins seul
Hurlant avec les loups

La meute se déchaîne
À l’abri de sa niche
Elle agite sa chaîne
Quand le maître l’aguiche

L’écran qui s’illumine
La met en appétit
La bave à ses babines
Est toujours à ce prix

Voici quelques caniches
Et qui se croient des fauves
Pour peu qu’on leur déniche
Une proie qui se sauve

Bien qu’en laisse tenus
Ils se pensent mutins
Dans le flot continu
Qui flatte leur instinct

La meute est un troupeau
Qu’il convient de bien traire
Quantité de dévots
Qui suivent la lumière

Belle et publicitaire
La caravane passe
Il est l’heure de se taire
De consommer en masse

Philippe Thivet
(09/07/2021)

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