A l'Odieux tout-puissant

Odieux tout-puissant
Qu'on loue à tous les vents,
N'es-tu qu'un amateur
Qui se prend pour le roi
Ou un pro de l'horreur
Qui agit de sang-froid ?

Sortant de cette vieille église
Où je n'étais pas v'nu pour toi,
Il faut pourtant que je te dise :
Tu ne m'inspir's que de l'effroi.

Je comprends qu' tu te voil's la face
Sous ton halo très nébuleux,
Pour regarder les gens en face
Faudrait qu' tu sois plus courageux.

Toi qu'es amour et cetera,
Tu n' devais pas vraiment êtr' fier
Dans ta maison ce matin-là,
D'où sont montées tant de prières.

Y avait posée devant l'autel
Une boîte noyée de fleurs,
Un' petit' fill' debout près d'elle,
Et sa maman à l'intérieur.

Si tes saints n'étaient pas qu' du plâtre,
Ils seraient sans dout' morts de honte
D'avoir servi dans ton théâtre
Au lieu de te régler ton compte.

Et les anges, et le Saint-Esprit,
N'ont pas pointé le bout de leurs ailes,
Venue du ciel en ce lundi
Il n'y eu que cette hirondelle.

Odieux tout-puissant
Qu'on loue à tous les vents,
N'es-tu qu'un amateur
Qui se prend pour le roi
Ou un pro de l'horreur
Qui agit de sang-froid ?

Certains sans dout' pourront penser
Qu'on ne chant' pas des chos's pareilles,
Mais je ne fais que relater
Ce que tu permets sous ton ciel.

Combien rien que pour ce jour-là
As-tu fabriqué d'orphelins ?
Quel curé invoquant ta loi
Suffira-t-il à leur chagrin ?

Viens pas me dire qu' t'as tes raisons,
Que tes voies sont impénétrables,
Que tu es maître en ta maison
Ou bien même accuser le diable.

S'il paraît que je suis ton fils,
Que tu m'as fait à ton image,
Dans ton grand jardin des supplices,
J' suis fier d' pas être un enfant sage.

Je sais que le plus grand péché
Que l'on puiss' commettre ici bas,
Est bien d'émettre cette idée
Que tu existes malgré ça.

Que tu sois Dieu ou Jésus-Christ,
Veuille agréer cette expression,
Et de mon plus profond mépris,
Et de ma plus grande affliction.

Philippe Thivet
(25/07/2001)