Créer un site internet

Visiteur profane

Visiteur profane, je viens chercher repos
Au milieu de ton mond' de moquette et de jouets.
Tu joues ton aventur' de chos's qu'on connaît trop,
Et qu'à force de voir on finit d'oublier.
Je viens poser mes pas dans un rond de fatigue,
En devenant pour toi une nouvelle intrigue.

Je déchausse ma vie en suivant ton invite,
Tu enfiles la tienn' comme un nouvel habit,
Un costume trop large où tu parais petite.
Use le bien aux coud's, encanaille ta vie,
Tu feras des tunnels avec le bout des manches,
Tu feras de tes rêv's des costum's du dimanche.

Tout petit souffle tiède au milieu de l'hiver,
De ce jour de janvier tout habillé de seize,
D'un continent de femm' renfermant son mystère,
Tu souffles sur ma vie, en attisant les braises.

Visiteur profane, je ne trouve repos,
Ton monde est bien trop grand pour mon imaginaire.
Tu joues avec des rêv's que je restreins aux mots.
Je m'obstine et c'est là, qu'à chercher je me perds.
Je viens poser mes pas, mais je m'égare encore,
Ton monde est sans frontière et je cherche un pass'port.

Ma fill' je ne sais rien, tu sais de plus que toi,
Enfant tu as l'instinct que le temps m'a repris.
Tu as tout à apprendre et moi j'oublie déjà,
Enfant tu vas grandir, adulte je vieillis.
Je ne sais plus où je vais, ne sais plus d'où je viens,
A toi de te guider, je ne sais plus très bien.

Tout petit souffle tiède au milieu de l'hiver,
De ce jour de janvier tout habillé de seize,
D'un continent de femm' renfermant son mystère,
Tu souffles sur ma vie, en attisant les braises.

Visiteur profane, je viens d'un autre rêve
Et je voudrais te dir', voudrais te dir' le monde,
Mais ça n' se racont' pas ou bien ça tue les rêves.
Surtout ne m'écout' pas, non, continue ta ronde.
Tu verras assez tôt qu' rien n'est tout noir ou blanc,
Qu'il n'y a pas d'un côté, les bons ou les méchants.

Les grands ment'nt aux enfants et se ment'nt à eux-mêmes,
Ne crois-tu pas que Dieu est l' pèr' Noël des grands ?
Ils l'inventent si fort qu'ils finiss'nt par y croire.
Garde les yeux ouverts et laisse fair' le temps.
Je veux t'apprendre un' chos' : ce n'est qu'à être toi.
Oublie ce que tu veux, mais garde-toi bien ça.

Philippe Thivet
(27/08/1991)