Notre enfant

On s'éloigne de drame en drame,
Notre amour n'a pas fait long feu,
Mais il nous reste cette flamme
Qui nous fit parents tous les deux.

Dans cette histoir' qui tourne court,
Mêm' si les cœurs ne sont pas fiers,
Que jamais l'enfant de l'amour
Ne devienn' celui de nos guerres.

C'est si facile de dresser
En un vaillant petit soldat,
Le fruit de nos amours blessées,
Qui nous ramène à toi et moi.

Notre enfant.
Notre enfant.

Que l'on se dress' l'un contre l'autre
Pour consommer notre défaite,
Que jamais il ne soit des nôtres
Pour sonner le glas de la fête.

Gardons au moins cette élégance
De reconnaître nos erreurs,
Laissons-le vivre son enfance
Sans l'accabler de nos rancœurs.

Et à défaut de nous aimer
Pour le meilleur et pour le pire,
Faisons qu'entre ses deux foyers
Jamais il ne doive choisir.

Notre enfant.
Notre enfant.

Pour ce regard à mi-hauteur
Qui nous supplie encor' de nous,
Oui tâchons d'être à la hauteur,
Et de l'aimer par-dessus tout.

Philippe Thivet
(09/11/2003)