Ma belle aux yeux de Breizh

A toi qui sens si bon
Comme la fleur d’ajonc
Quand la chaleur du ciel
Lui donne un goût de miel

Qui caresse ma joue
Puis tendrement mon corps
Comme un petit vent doux
Qui viendrait de l’Armor

Toi qui m’offres tes bras
Pour une longue sieste
Sur le pré coupé ras
Au pied des pins sylvestres

Les senteurs de résine
Que tes parage(s) exhalent
Et ta beauté marine
Alanguie sur la cale

Ma belle aux yeux de Breizh
Ta présence m’apaise

A toi que je découvre
Comme un livre qu’on ouvre
Offerte à la cueillette
Et que mes doigts feuillettent

Qui doucement te mouille
D’un si léger crachin
Dont le frisson chatouille
Mes lèvres et mes mains

Ce petit goût iodé
Que je goûte à ta bouche
Quand je viens me frotter
A ta beauté farouche

Tes plaisirs de la langue
Quand ell’ mène bataille
Et que de beg en stang
Je veux te lire en braille

Ma belle aux yeux de Breizh
Ta présence m’apaise

A toi qui danses nue
Dans le noroît venu
Courant sur la bruyère
T’habiller de fougères

Quand parcourant tes flancs
Tes monts, tes échancrures
Je découvre à pas lents
Toutes tes déchirures

Si tu te livres un peu
En demeurant sauvage
Je sais que tes beaux yeux
Ont aussi leurs ombrages

Lorsque tu me fais voir
Ton foutu caractère
Quand je feins de savoir
Un peu de tes mystères

Ma belle aux yeux de Breizh
Ta présence m’apaise

A toi qui me réveilles
Soufflant à mon oreille
Que l’océan est là
Qui attend son repas

Toi qui tout à coup pleures
Sans qu’on sache pourquoi
Délavant tes couleurs
En inventant parfois

La prochaine marée
Effacera l’ardoise
De ses eaux chamarrées
De gris et de turquoise

Je sais des bleus profonds
Que tu m’as fait connaître
Que l’ignorant confond
Avec le noir peut-être

Ma belle aux yeux de Breizh
Ta présence m’apaise

Philippe Thivet
(GR34, 19/05/2018)