Be11e-Î1e

Les senteurs que l'on hume
En croisant ton sillage,
Ces dentelles d'écume
Sur tes courbes sauvages.

La blondeur de ta dune
Se dressant au ponant,
Ces nuits de pleine lune
Volées à l'océan.

Belle-Île,
Comment les approcher
En venant de si loin,
Sans trop effaroucher
Ton humble quotidien ?

Ne serai-je à jamais
Qu'un amant de passage,
Un touriste indiscret
Fouillant tes paysages ?

Les chemins de traverse
Où tu t'offr's à plaisir
En riant des averses
Qui te font refleurir.

Et la rose des vents
Sur ta carte marine
Que j'effeuille en rêvant
Tes colèr's opalines.

Belle-Île,
Ce que je veux caresse
N'est que piétinement,
Quand des milliers se pressent
En tes escarpements.

Ne serai-je à jamais
Qu'un amant de passage,
Un touriste indiscret
Fouillant tes paysages ?

Loin des mornes hivers
Où je t'ignore encore,
Quand de simples posters
Tiennent lieu de décor.

Que me dévoiles-tu
De ta vie solitaire
Quand le marin se tue
A labourer la mer ?

Belle-Île,
Quand l'assaut des tempêtes
Te rend ta vraie nature,
Que ta lande à tue-tête
Chante au vent tes blessures.

Ne serai-je à jamais
Qu'un amant de passage,
Un touriste indiscret
Fouillant tes paysages ?

Philippe Thivet
(27/08/2000)