Y a pas à dire...

Y a pas à dire il manque un mot,
J'ai beau chercher dans le dico,
Il y a un trou, une omission,
Pas d' mot pour la définition.

De cet autre qui nous cajole,
Sans lien sacré autour du cœur,
Loin des amours à protocole,
Pour le pire et pour le meilleur.

Entre la femme et la copine,
Rien que l'horrible concubine.
Foin des époux et des moitiés !
Rien sur cet être bien entier.
Entre l' mari et le copain,
Rien que l'horrible concubin.

Et de chastes hypocrisies,
Qui chang'nt l'amour en copinage,
Que l'on couche sans fantaisie
Au champ d'honneur de nos langages.

Quelques niais'ries parfois vieillottes,
Servies dans les conversations,
Pour avouer que l'on fricote
Sans trop bousculer l'opinion.

Ma dulcinée, mon fiancé,
Mon bien-aimé, mon amoureuse,
Des bell's hors d'âg' qu'on fait danser
Sur des musiqu's un peu douteuses.

Y a pas à dire il manque un mot,
Pour qualifier ce drôl' d'oiseau
Pas légitime pour un sou,
Et que l'on aime, un peu, beaucoup...
Cette âme sœur incestueuse
Que le dictionnaire a omis,
Mais que l'on trouve délicieuse
Pour un' toute autre académie.

Entre conjointe et bonne amie,
Que l'infantil' petit' chérie.
Foin des époux et des moitiés !
Rien sur cet être bien entier.
Entre conjoint et relation,
Rien que le lisse compagnon.

Et les amants et les maîtresses,
Aux consonances clandestines,
Dont les syllab's avec adresse
Prennent des pos's un peu coquines.

Et quelques détours d'argotiers
Par des nanas et des gonzesses,
Des meufs, des mecs, des réguliers,
Qui ne font pas dans la finesse.

Beaucoup d'appellations encore,
De la précieuse à l'évasive,
Avec geôlière de leur corps,
Leur particule possessive.

Y a pas à dire il y a des mots,
Lovés aux ventres des dicos,
Pour désigner nos amours floues
Sous les guill'mets de nos tabous.

Et puis bien sûr ton prénom...

Philippe Thivet
(04/07/1999)