Trente-sept et quelques braises

Trente-sept et des poussières
Sous le plumeau de nos doigts
Nos corps sont des poudrières
Au feu doux de nos émois

Est-ce rouge incandescent
La couleur de tes pommettes
Y serait-il indécent
Que j’y craque une allumette

Je glisse ma chair de poule
Au braséro de tes bras
L’éphémère a son ampoule
Moi j’implore le dieu Râ

Trente-sept et des brindilles
Au bûcher de nos désirs
Attendant qu’une escarbille
Les embrase de plaisir

Est-ce au tison de tes yeux
Que je viens marquer ma peau
Quand en guerriers facétieux
Ils vont y chercher repos

Cette lave dans nos veines
Annonce-t-elle un volcan
Le brûlot de nos haleines
Est déjà plus qu’éloquent

Trente-sept et des virgules
Au mercure de nos corps
Où déjà la canicule
Annonce quelque record

Fahrenheit ou bien Celsius
La chaleur est sans appel
Même ce brave Icarus
N’y frotterait pas ses ailes

Et s’il est d’autres fournaises
Où brûle ta langue au chat
Il vaudrait mieux que les taise
Notre pudeur de geisha

Trente-sept et quelques braises
Au secret de nos moiteurs
Même le satin nous pèse
Au brasier de l’impudeur

Sous les reliefs de l’attente
Palpite notre impatience
Les retombées sont ardentes
Du séisme de nos sens

Déjà nos mains incendiaires
Au fagot de nos peaux nues
Vont exhausser les prières
De nos souffles retenus

Trente-sept et quelques cendres
Au jusant de nos élans
Mais pourront-ils se déprendre
Nos deux gisants pantelants

Philippe Thivet
(03/05/2022)