Ton sommeil

A l’autre bout du lit
L’autre côté du monde
Dans le flagrant délit
Du sommeil où tu tombes
 

 Je veille un peu sur toi
A peine un brin jaloux
Tu réussis l’exploit
De t’endormir d’un coup

 Les volets entrouverts
En guise de veilleuse
Y mettrai-je en lumière
Tes secrets de dormeuse ?

 Tu sombres dans ta bulle
Et moi, je déambule

 Sans demander ton reste
Tu as fermé les yeux
Osant l’ombre d’un geste
J’effleure tes cheveux

Je devine ton souffle
Dans le cou de Morphée
Pendant que je m’essouffle
Voulant l’apostropher

Là sur tes deux oreilles
Toi tu dors de profil
Pendant que moi je veille
Sur les heures qui filent

 Toi lovée dans ta bulle
Et moi, sous la pendule

 Un froissement de drap
Un frisson de coton
Tu resserres les bras
Etreins une illusion

 J’écoute les soupirs
Ponctuant ton silence
Que peuvent-ils trahir
De ton intime absence ?

Dans quels bras accueillants
Te blottis-tu ce soir ?
Quand je compte en tournant
Les heures dans le noir

Tu flirtes dans ta bulle
Et moi, je somnambule

Quelques mots inconscients
Me rapprochent de toi
A ce moment troublant
Où tu dors à mi-voix

J’aimerais tant savoir
A qui tu parles en rêve
Tes nocturnes histoires
Me laissent sur la grève

Puis tu suces ton pouce
Le sommeil apaisé
Quand je te souffle en douce
Un semblant de baiser

 Tu tournes dans ta bulle
Moi, vois-tu, j’affabule

En râlant, que j’empiète
Sur ton temps de sommeil
Tu me reprends la couette
Dans un micro-réveil

De l’encre plein les doigts
Je fais semblant de rien
Privé de plume d’oie
J’écrirai au fusain

Quels seront mes remords
Au creux de l’oreiller
Quand me laiss’ra pour mort
Mon corps ensommeillé ?

 Philippe Thivet
  (10/12/2012)

 

 

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