Les amours épicènes

Faut-il choisir un camp
Pour prendre du plaisir
Le corps est éloquent
Quand il dit son désir

La peau à mêm’ la peau
Le cœur à fleur de sens
Aux couleurs des drapeaux
Opposons nos jouissances

Et qu’importent les mots
Que l’on met sur la chose
Qu’on cueille les rameaux
Ou les boutons de roses

Les amours épicènes
Dansent dans la pénombre
Loin des corps mis en scène
Que la morale encombre

Faut-il donc que l’on taise
Les source(s) où l’on s’abreuve
Quand ne vous en déplaise
Elles font les grands fleuves

Descendons au jardin
Pour y sucer la sève
La rosée du matin
Aux replis d’une fève

Qu’importent les pronoms
Au lexique du cœur
Quelques soient nos prénoms
Leur pluriel est vainqueur

Les amours épicènes
Vont en ombres chinoises
Loin des regards obscènes
Et des blagues grivoises

Faut-il autour d’un cou
Toujours une étiquette
Quand des bras tout à coup
Tout simplement s’y jettent

Les peaux jamais ne mentent
Au braille des frissons
Nos pensées sont amantes
Sans que nous y pensions

Et qu’importe après tout
Que l’amour ait un sexe
Au diable les tabous
Qui le mette(nt) à l’index

Les amours épicènes
Dansent dans la lumière
Pour mieux y mettre en scène
Leurs mauvaises manières

Philippe Thivet
(15/02/2022)