L’oreiller

N’est-ce qu’un tas de plumes
Un oiseau touchant terre
L’oreiller où nous fûmes
Deux ombres éphémères

J’y trouve ton visage
En y posant le mien
Le secret d’un message
Le souffle d’un parfum

N’était-ce qu’une nuit
À la barbe du temps
L’oreiller que voici
En sait le prix pourtant

Nos amours clandestines
Et nos baisers rendus
Auront payé la dîme
Pour ce fruit défendu

N’est-ce qu’un souvenir
Au souffle du matin
L’oreiller semble dire:
J’en reste le témoin

J’y serre dans mes bras
L’illusion de nos corps
Au froissement des draps
Où je t’espère encore

N’est-ce dans la bataille
Qu’une envolée de plumes
Où je viens lire en braille
Tout ce qui nous résume

Avec l’espoir peut-être
D’y cueillir quelque rêve
Quand le jour aux fenêtres
En annonce la trêve

N’était-ce qu’une feinte
Cet oreiller tendu
Pour garder ton empreinte
À mes doigts confondue

C’est sur tes deux oreilles
Que je veux y dormir
En attendant je veille
A bien t’y retenir

Je reviens sommeiller
Au souvenir de nous
Et de cet oreiller
J’en ai fait mon doudou

Philippe Thivet
(27/08/2020)