L’amour quand il s’en va

La libido sur l’oreiller
Qui ne fait plus que sommeiller
Le cœur battant à petits sauts
Là où les yeux pleuvaient à seaux
Le sang figé au fond des veines
Touchant aux confins de la haine

Au champ de fleurs ou de gravats
Où va l’amour quand il s’en va ?

Vers d’autres cœurs, d’autres regards
Lui promettant bien plus d’égards
Vers le frisson de l’inconnu
Au braille lu d’une peau nue
Vers le chagrin de s’y revoir
Au grain de sel de la mémoire

Sciée l’écorce où on le grava
Où va l’amour quand il s’en va ?

L’attrait de l’autre qui s’émousse
Pôles aimants qui se repoussent
Le feu des lèvres apaisé
A l’heure du dernier baiser
Le geste fait par habitude
Au contour de la solitude

Détricotant son canevas
Où va l’amour quand il s’en va ?

Au fond boueux du Grand Canal
Le prince devenu banal
Dans les eaux noires des rancœurs
Au bout des doigts sachant par cœur
Sous l’empreinte d’une caresse
Qui change le feu en tendresse

Tombé bien bas Casanova
Où va l’amour quand il s’en va ?

Aux lassitudes anonymes
Ouvrant leurs bras comme un abîme
Dans la poussière de l’oubli
Et des serments qui s’y délient
Au chant du cygne de l’artiste
Faisant son plus beau tour de piste

Parti ailleurs jouer les divas
Où va l’amour quand il s’en va ?

Philippe Thivet
(07/04/2017)