Vertige

Funambule des crêtes
Quand le vide s’y prête
Au salto des cascades
Goutte d’eau qui s’évade

Sur le fil du rasoir
Juste au bout du plongeoir
Là-haut dans la rocaille
Pas de filet qui vaille

Là où le cœur se fige
S’enivrer de vertige

Cheminot des sommets
Quand le vide s’y met
Deux mille et des poussières
Suspendu dans les airs

En manque d’oxygène
Tout le corps à la peine
En trop plein d’émotions
Cœur à saturation

Là où le cœur dirige
S’enivrer de vertige

Tête dans les nuages
Quand menace l’orage
Aux pointes de l’aurore
Qui parsème son or

Dans ce cirque dressé
Qu’il faudra bien passer
Sur la peur de s’y voir
Infime et dérisoire

Là où le cœur l’inflige
S’enivrer de vertige

Juste au bord des à-pics
Quand monte la panique
Au passage du pont
Trois points de suspension

Au niveau de la mer
Cent mille ans en arrière
Du haut de cette histoire
Qu’emporte la mémoire

Là où le cœur l’exige
S’enivrer de vertige

A l’aplomb des abîmes
Quand appellent les cimes
L’horizon vertical
Qui nous laisse bancals

Passerelle qui danse
Là où le torrent chante
Au pierrier malhabile
Repassant sur le fil

Là où le cœur voltige
S’enivrer de vertige

Funambule des crêtes
Quand le vide s’y prête
Marchant tout simplement
Pour s’y sentir vivant

   Philippe Thivet
(GR5, 13/09/2020)