Rue des Tilleuls

Rue des Tilleuls il y a un frêne
Dont l’ombre douce vous accueille
Un minotier cassant la graine
Grosse moustache en trompe-l’œil

Rue des Tilleuls il y a deux chats
Et des mains de petite fille
Occasionnant quelques crachats
Quand doigts et poils sont en bisbille

Rue des Tilleuls y a un jardin
Des herbes folles, des tisanes
La robe rouge d’un bon vin
Et de l’eau plate pour les ânes

Rue des Tilleuls y a la sorcière
Qui herborise sous la lune
Une légende familière
Qui aura soigné bien des rhumes

Rue des Tilleuls il y a la vie
Des coups de gueule et de l’amour
Des anecdotes à l’envi
Des boule(s) au gravier de la cour

Rue des Tilleuls il y a l’histoire
D’un peu d’Auvergne et de Pologne
Le vent du large certains soirs
La pluie sur les carreaux qui cogne

Rue des Tilleuls il y a des mains
Qui ont dompté les courants d’air
Quelques bêtises de gamins
De chien et chat comme des frères

Rue des Tilleuls il y a l’écho
De ce vieil escalier qui grince
Et ce bon vieux pays de Caux
Qui vient ventiler la province

Rue des Tilleuls il y a la toile
Que tisse la vie à la ronde
Des soirs d’été sous les étoiles
Et des hivers lâchant la bonde

Rue des Tilleuls il y a le temps
Qu’il faut pour bâtir une vie
Une maison, des rir’s d’enfants
Et la nature en vis-à-vis

Rue des Tilleuls il y a des gens
Et que la vie m’a fait connaître
Au plus beau de nos croisements
Y a cette enfant qu’on a vue naître

À chacun sa rue des Tilleuls
Comme ses coins à champignons
Qu’on ne trouve pas sur Google
Où l’on se sent à la maison

                                                           À Gilles et Valérie…

Philippe Thivet
(30/12/2020)

 

×