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Nocturne urbain

Des voix s'élèv'nt de la ruelle
Dans la mélancolie du soir,
Sortie de bar ou de chapelle,
Chacun son petit exutoire.

La vill' resserre son étreinte,
Et de pénombre, et de lumière,
Entretenant douc'ment la crainte
Des braves gens retardataires.

Un passant court à perdre haleine
Au bouche à bouche du métro,
Moi je descends à la prochaine,
Prévient son cœur au grand galop.

Même à courir à contrecœur
Dans la cohue des temps modernes,
T'avanc's toujours y a pas d'erreur,
Et l'homm' s'éloign' de sa caverne.

Le nez planté sous les étoiles,
J' regarde un peu tourner la terre,
Tout en rêvant mettre les voiles
Chaqu' fois qu' je croise un courant d'air.

Un autobus sur le boul'vard
En bringu'balant rentre au dépôt,
Tous ces pavés pourrait-on croire,
Se sont jurés d'avoir sa peau.

Les rideaux de fer sont tombés
Sur le spectacle des vitrines,
Quelques tagueurs les ont bombés
D'éclats de couleurs clandestines.

Mais la nuit tous les chats sont bleus
A la lueur des ambulances,
Mêm' si chacun fait ce qu'il peut,
C' pas tous les jours qu' les souris dansent.

Parfois la lun' ça suffit bien
Pour éclairer nos solitudes,
Si le soleil revient demain
Ce s'ra sans dout' par habitude.

Le nez planté sous les étoiles,
J' regarde un peu tourner la terre,
Tout en rêvant mettre les voiles
Chaqu' fois qu' je croise un courant d'air.

Les caniveaux pleur'nt comm' des veaux
Dans le ronron des balayeuses,
C'est pareil à tous les niveaux,
Les fins de fêt's sont douloureuses.

Mais tout est bien qui finit pas,
Puisque déjà revient l'aurore,
Et que nos nuits soient blanch's ou pas,
Nos rêv's y sont multicolores.

Philippe Thivet
(15/05/2001)
Musique : Pascal Garry
(Extrait de l'album Vents de terre  2003)

 

 

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