Le train des orangers

 De bois de cuivre et fer forgé
Suivant sa voie vaille que vaille
Le petit train des orangers
Etir’ son siècle au long des rails

Comme le chant de son sifflet
Le temps lui revient en écho
A l’ombre des orangeraies
Où mûrissait son lourd fardeau

 De bois de cuivre et fer forgé
Le petit train des orangers

 Plus une orang’ dans ses filets
Le petit train garde en mémoire
Le pari fou de ce projet
Dont on raconte encor’ l’histoire

Que l’on déplace des montagnes
Pour le goût sucré d’une orange
Le petit train nous en témoigne
Les hommes ont le goût de l’échange

La Sierra de Tramontana
Peut bien déployer ses remparts
Le souffle chaud de ce train-là
La traverse de part en part

De bois de cuivre et fer forgé
Suivant sa voie vaille que vaille
Le petit train des orangers
Etir’ son siècle au long des rails

Au rythme d’une autre saison
Le centenaire attend son heure
Pour emporter dans ses wagons
Sa cargaison de voyageurs

De bois de cuivre et fer forgé
Le petit train des orangers

 Mais verra-t-on pour la photo
Le temps venu des floraisons
A l’ombre des avions-cargos
Chargés de fruits d’importation ?

Si le soleil reste précieux
Aux yeux des tour-opérateurs
Le petit train sait que pour eux
Hommes et fruits viennent d’ailleurs

 La Sierra de Tramontana
Peut bien déployer ses remparts
Le souffle chaud de ce train-là
La traverse de part en part

De bois de cuivre et fer forgé
Suivant sa voie vaille que vaille
Le petit train des orangers
Etir’ son siècle au long des rails

 En déroulant son fil d’acier
Entre la montagne et la mer
Le petit train semble défier
Les abîme(s) et les vents contraires

De bois de cuivre et fer forgé
Le petit train des orangers

Plus une orange à son appel
Le funambule va son train
En martelant dans les tunnels
Le rythme lent de son refrain

Et déployant dans le ciel bleu
Les ailes de son pantographe
Le petit train nous garde un peu
De jus d’orange pour la soif

La Sierra de Tramontana
Peut bien déployer ses remparts
Le souffle chaud de ce train-là
La traverse de part en part

De bois de cuivre et fer forgé
Le petit train s’étire encore
Dans la vallée des orangers
En pente douce vers le port

Philippe Thivet
(17/09/2010)