Le cartel des cadrans

Et pour une clepsydre égouttant ses secondes
Combien d'hydre de l'heure asservissant le monde
Quand les montres tic-tac nous prennent par le bras
Réglant sur leur trotteus' le rythme de nos pas ?

Et pour une comtoise balançant ses reproches
Combien de sabliers répandus dans nos poches
Quand une pointeus' démontre au salarié
Que le temps est argent et qu'il s'y faut plier ?

Le cartel des cadrans
Resserrant son carcan
Ecartèle en tintant
Notre rapport au temps.

Pour un radio-réveil claironnant son couplet
Combien de rêv's encor' penchés à nos chevets
Quand le cadran solair' chinoise sur les ombres
App'lant d'un cœur de pierr' nos heures les plus sombres ?

Pour un coucou chantant la rondeur des heures
Combien d'oiseaux piaffant sous une aiguill' vainqueur
Quand l'horloge des gares sans cesse pousse au train
Plantant nos paysag's toujours un peu plus loin ?

Le cartel des cadrans
Resserrant son carcan
Ecartèle en tintant
Notre rapport au temps.

Pour l'horloge parlante causant sans savoir
Combien de coups portés au fil de nos histoires
Quand les chiffres menac'nt d'aller régler leurs comptes
Et qu'un retardatair' s'en va mourir de honte ?

Pour un beau chronomètre aux centièm's intrépides
Combien de cœurs noyés dans les cristaux liquides
Quand la pendul' ne fait que remonter le temps
Que nous pensons avoir sans le prendre pourtant ?

Le cartel des cadrans
Resserrant son carcan
Ecartèle en tintant
Notre rapport au temps.

Philippe Thivet
(09/08/2000)