L'an quarante

 A peine un coup de vent
Sur nos mers intérieures
Quarante rugissants
A l'aiguill' du compteur

Un peu plus de distance
Au fond de nos regards
Et la vie qui s'avance
En réclamant sa part

Juste un peu plus lucides
A peine moins rêveurs
Peut-être quelques rides
Quelques bleus sur le cœur

Voici nos quarante ans
Que l'on attendait plus
Nous étions des enfants
Qui donc y aurait cru ?

A peine un peu fiévreux
Au mercur' de nos vies
Quarante à petit feu
Attisant nos envies

La sagesse de l'homme
La folie de l'enfant
Beau point de vue en somme
Pour voir le monde en grand

Rien qu'un chiffre de plus
Au rang de nos dizaines
On inverse l'argus
Pour les années qui viennent

Voici nos quarante ans
Que l'on attendait plus
Nous étions des enfants
Qui donc y aurait cru ?

A peine canonique
Selon le dictionnaire
Quarante ans de boutique
A l'âg' de nos artères

La nostalgie peut bien
Attendre encore un peu
Laissons-la dans son coin
Pour quand nous serons vieux

Rien qu'un peu de tumulte
Sur nos états civils
C'est de finir adultes
Qui serait difficile

Voici nos quarante ans
Que l'on attendait plus
Nous étions des enfants
Qui donc y aurait cru ?

A peine un coup au cœur
Quand la nouvelle explose
Les quarante voleurs
N'emportent pas grand-chose

La mise en quarantaine
N'effraie que les enfants
La vie souvent est vaine
On le sait maintenant

Donnons-nous rendez-vous
A la cote cinquante
Pour se dir', je m'en fous
Comme de l'an quarante

Voici nos quarante ans
Que l'on attendait plus
Nous n' somm's que des enfants
Qui donc y aurait cru ?

Philippe Thivet
(18/11/2007)