Terrien d'eau douce


Les grands voiliers s'en vont
En déployant leurs ailes,
Et je reste un piéton
Noyé dans l'eau du ciel.
Sans quitter ce ponton
Où flotte un goût de sel,
Mes pensées vagabondent,
Je fais le tour du monde.

Le nez dans les haubans
Qui déjà s'impatientent,
J'entends chanter le vent
Et mille déferlantes.
Terr' de Feu droit devant
Dans cette eau écumante,
Mes pensées vagabondent,
Je fais le tour du monde.

Marin sans pied-à-mer
Ou bien terrien d'eau douce,
C'est les pieds bien sur terre
Que je navigue en douce.

Le nom sur une coque
D'une ville lointaine,
Et qui déjà m'évoque
Quelques mers incertaines.
Navir' d'une autre époque
Ou rafiot hors d'haleine,
Mes pensées vagabondent,
Je fais le tour du monde.

Et tous ces noms encore
Quand l'écho de la mer,
Vient planter le décor
De son vocabulaire.
De clin foc en sabord
Où bientôt je me perds,
Mes pensées vagabondent,
Je fais le tour du monde.

Marin sans pied-à-mer
Ou bien terrien d'eau douce,
C'est les pieds bien sur terre
Que je navigue en douce.

La prochaine marée
Emportera mes rêves,
Pour mieux les échouer
Au seuil d'une autre grève.
Dans les flots déchirés
Que l'océan soulève,
Mes pensées vagabondent,
Je fais le tour du monde.

Ce quai n'est plus alors
Qu'un frêle esquif de pierre,
La têt' par-dessus bord
Je navigue à l'envers.
Quand je quitte le port
C'est pour prendre la terre,
Mes pensées vagabondes
Ont fait le tour du monde.

Marin sans pied-à-mer
Ou bien terrien d'eau douce,
C'est les pieds bien sur terre
Que je navigue en douce.

Philippe Thivet
(03/05/2004)

×