Ode à 1a pluie

Qualifiée de sal' temps,
Synonyme d'ennui,
Ne peut-on pour autant
Considérer la pluie ?

Regardez-la danser
Sous l'œil des lampadaires,
Pour mieux s'éclabousser
D'étoiles de lumière.

Voyez donc vir'volter
Son fin jupon d'argent,
Quand le vent tourmenté
Redevient son amant.

La rumeur insinue
Courant sous tous les toits,
Que cette fill' des nues
Est un' je-ne-sais-quoi.

C'est une fill' de joie
Qui s'offre aux quatre vents,
Quand pudibond le froid
La rêve en manteau blanc.

Regardez-la courir
Sur la plage ondulée,
Pour s'en aller nourrir
Une flaque isolée.

Voyez sa lutte folle
D'ardente courtisane,
Quand sa présence affole
Les couleurs océanes.

La rumeur insinue
Crachotant son venin,
Que cette fill' des nues
N'est qu'une moins que rien.

C'est une fill' de joie
Qui fait ce qu'elle pleut,
Quand le soleil est roi
Que peut-ell' fair' de mieux ?

Ecoutez-la chanter
Sur les vitr's à tue-tête,
Pour mieux vous inviter
A flâner sous la couette.

Voyez-la ruisseler
Sur un visage en fête,
Quand s'ouvrent les vallées
D'accueillantes fossettes.

La rumeur insinue
Du haut de sa grisaille,
Que cette fill' des nues
Ne lui dit rien qui vaille.

C'est une fill' de joie
Aux indicibles charmes,
Quand tous les rabat-joie
N'auront vu que ses larmes.

Regardez-la jaillir
En fleurs multicolores,
Pour mieux venir nous dire
Que l'été vient d'éclore.

Voyez ces gouttes d'eau
Parvenues jusqu'à nous,
Doiv'nt-ell's tomber de haut
Constatant notre moue.

Philippe Thivet
(05/05/2001)