Le train paludier

Le train paludier
Aux marais salants
De nos quais de gare
Vient lécher les pieds
De ceux s’en allant
Comme l’on s’égare

La marée montante
Ourle les paupières
Des cœurs déchirés
À l’heure pétante
Un bruit de portières
Y sera tiré

Un bruit de ferraille
Sépare les corps
Hurlant en silence
Là, dans leur poitrail
L’amour n’est alors
Plus qu’une béance

Le train paludier
Aux marais salants
De nos quais de gare
Ne peut oublier
Ni les cœurs ballants
Ni l’eau des regards

Les statues de sel
Qui restent à quai
Pour l’éternité
Tombent en parcelles
En miette(s), en paquets
Le corps délité

Là, c’est une mère
Saluant l’enfant
Derrièr’ la fenêtre
Vacances du père
Et le cœur se fend
De ne pas y être

Le train paludier
Aux marais salants
De nos quais de gare
Récolte à nos pieds
Le sel ruisselant
De nos yeux hagards

                                               À la maman de la gare de Toulouse…

Philippe Thivet
(GR®10, 14/06/2023)