Crue
Quand vient ce chagrin
Gonflant les eaux troubles
Cet abondant grain
Dont les coups redoublent
Les larmes que verse
Ce ciel de saison
Tombent en averse
Là-haut vers l’amont
Au pas de nos portes
La rivière est là
Charriant branches mortes
Dans ses entrelacs
Elle s’insinue
Lente et silencieuse
Noyant l’avenue
D’une humeur boueuse
Les petits ruisseaux
Font les grandes crues
Montant à l’assaut
De nos yeux recrus
Les curieux s’égout-
Tent aux parapets
Remettant en doute
Jusqu’au temps qu’il fait
Au bassin versant
De notre cœur gros
Va se déversant
La lie en tomb’reaux
Le fleuve insomniaque
En quittant son lit
Vient vider son sac
De nos peine(s) empli
Et pourtant la source
Perlant aux paupières
N’est en bout de course
Que goutte à la mer
Les petits ruisseaux
Font les grandes crues
Montant à l’assaut
De nos yeux recrus
Que les digues cèdent
De notre pudeur
Quand en pente raide
Dévalent nos pleurs
Et que nos rimmels
Essuient le gros temps
Pour qu’une hirondelle
Fasse le printemps
Ni une ni deux
Se pose l’oiseau
Sur la ligne de
Partage des eaux
Que par l’éclaircie
Venue de l’amont
La fleur que voici
Germe du limon
Les petits ruisseaux
Qu’enfante l’averse
Leurs bras en lasso
Tendrement nous bercent
Philippe Thivet
(12/02/2018)