Amours fluviales

La rivière en son lit
Rêve des bras du fleuve
Le fleuve quant à lui
Rêve qu’ensemble ils pleuvent

Et ainsi goutte à goutte
Vont les amours distraites
Sans que l’un ne se doute
Sans que l’autr’ ne s’y mette

Tant de rus, de ruisseaux
Aux sources de nos pores
Ont sillonné nos peaux
En parfait désaccord

Votre rire en cascade
Peut bien tomber de haut
Mon cœur à la chamade
Veut battre le tempo

La rivière en son lit
A des nuits agitées
Le fleuve quant à lui
Rêve de s’y jeter

Quand la flaque épandue
Se voit raz de marée
La larme suspendue
Nous sait désemparés

A l’étier de nos joues
Va le temps paludier
L’océan tout au bout
N’a plus rien à mendier

Nos chagrins d’équinoxe
Dessalent nos paupières
L’eau de ce paradoxe
Polit nos cœurs de pierre

La rivière en son lit
S’imagine une crue
Le fleuve quant à lui
Se voit tomber des nues

Nos amours sinueuses
Dans le cycle de l’eau
Vont tantôt vaporeuses
Tantôt coulant à flot

Nous naviguons à vue
Aux remous des rapides
Le coeur ce m’as-tu-vu
Bien souvent pompe à vide

Au point de confluence
Mélangeons nos eaux troubles
Buvons aux résurgences
Quand l’orage redouble

La rivièr’  ce matin
Est sortie de son lit
Le fleuve n’y peut rien
Que boir’ jusqu’à la lie

Philippe Thivet
(23/01/2019)