A l'ombre du lavoir

 
                                                         Photographie: Fred "Tamura" - Août 2009

Une poignée de tuiles
Soulignée de verdure
Et la beauté fragile
De ces trois pans de murs
Le lavoir au soleil
Réchauffe un peu ses pierres
En y posant l’oreille
J’entends les lavandières

Quand les voix du village
Y portaient les nouvelles
Fleurissant les parages
De quelques ritournelles
Que nos jeunes grands-mères
Dos cassé et doigts gourds
Venaient faire à l’eau claire
La lessive du bourg

 L’eau courante au torrent
En connaît des histoires
Que j’écoute en passant
A l’ombre du lavoir

Des bouquets d’herbes folles
Moins folles que ce monde
Danse(nt) une farandole
Sous les arbre(s) à la ronde
Ici le temps s’écoule
Comme l’eau sous les ponts
J’y vois briller l’ampoule
D’une bull’ de savon

Loin du tambour battant
De nos vies synthétiques
Le temps reprend son temps
Dans ce lieu bucolique
Le temps d’un souvenir
Ou d’un bain de soleil
Une bulle qu’on tire
D’un savon de Marseille

L’eau courante au torrent
En connaît des histoires
Que j’écoute en passant
A l’ombre du lavoir

Plus qu’un simple décor
Quelque part sous les feuilles
Caché sous l’eau qui dort
Tout un passé s’effeuille
Ici le linge sale
Se lavait en famille
Mais le temps ce vandale
Plante ses banderilles

 Une route peut-être
Où n’était qu’un chemin
Et l’ombre d’un ancêtre
Où courait un gamin
Le vent vient en rafale
Y pousser sa flottille
Grand-voile de pétales
Armada de brindilles

 L’eau courante au torrent
En connaît des histoires
Que j’écoute en passant
A l’ombre du lavoir

Un édil’ dernièr’ment
Eut l’idée saugrenue
D’y appliquer les plans
D’un projet m’as-tu-vu
Devant le sacrilège
D’une allée de goudron
J’y vois des perce-neige
Eteignant leurs lampions

L’eau courante au torrent
En connaît des histoires
Qui prend encor’ le temps
De vouloir les savoir?

(à Fred "Tamura" et à sa maman ...)

 Philippe Thivet
(19/02/2011)

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