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Qu'en sera-t-il alors ?

Quand nous aurons la mer au pied de nos maisons,
Paris ne s'ra qu'une île au milieu d'un lagon,
Quelques grands oiseaux noirs tourneront dans le ciel,
Portant déjà le deuil du pays des merveilles.

Quand les vagu's lècheront le sable de nos bacs,
Giflant nos insoucianc's au rythme du ressac,
Quelques glaçons peut-êtr' remonteront la Seine,
Loin des alcools noyant nos pauvres âm's en peine.

Qu'en sera-t-il alors de nos belles consciences
Dans le ronron bleuté de nos vapeurs d'essence ?
Qu'en sera-t-il alors ?

Quand le sel de nos larmes ira grossir les flots
Venant baigner les riv's de nos derniers îlots,
Quelques regrets sans dout' tourneront dans nos têtes,
Torturant à jamais notre esprit de conquête.

Quand des nuages lourds arrivant de la mer
Verseront à nos port's le poids de leur colère,
Quelques gouttes peut-êtr' perleront à nos fronts,
A nous témoins déchus d'une étrange mousson.

Qu'en sera-t-il alors de nos brillants projets
Dans les relents grisants de nos troubles rejets ?
Qu'en sera-t-il alors ?

Quand nos quatre saisons, là n'en feront plus qu'une,
Sous le grand balancier d'une impassible lune,
Quelques feux de fortun' réchaufferont nos mains
Dans la bise implacable de cet hiver sans fin.

Quand les plus chauds étés de nos années deux mille
Brill'ront déjà bien loin de nos sombres exils,
Quelques photographies, souvenirs des beaux jours,
Feront pâle figur' dans les glac's alentour.

Qu'en sera-t-il alors de nos impertinences
Dans le lourd grincement de nos taux de croissance ?
Qu'en sera-t-il alors ?

Quand brûleront encore au feu de nos bûchers
Les Cassandre modern's qui nous ont alertés,
Quelques cendres peut-être, emportés par le vent,
Iront fertiliser les déserts luxuriants.

Quand les contrées austral's se feront terr' d'accueil
De ces enfants gâtés oubliant leur orgueil,
Quelques traces fossil's pétrifiées dans la boue
Rappelleront les temps où l'homm' tenait debout.

Qu'en sera-t-il alors de notre beau progrès
Dans l'écho désolé de nos piteux excès ?
Qu'en sera-t-il alors ?

Oh ma belle conscience,
Qu'en sera-t-il alors ?

Philippe Thivet
(18/08/2005)