Les hirondelles

Rouge gorge et queue-de-pie
Aux câbles du téléphone
Leur message à nos crépis
Sur l’envers de nos automnes

C’est en costume de plumes
Que nous revient la saison
Déchirant déjà la brume
Présageant de nos moissons

En ballet qui nous rassure
À nos vœux toujours fidèles
Chorégraphes de l’azur
Tiens! Voilà les hirondelles

Queue-de-pie et rouge gorge
Dans une inlassable ronde
Lors que l’homme se rengorge
D’y être le roi du monde

Le costume fort seyant
Aux agapes de plein ciel
D’un coup d’aile balayant
Nos nuées pestilentielles

Reliant les continents
À nos vœux toujours fidèles
Dans le désastre imminent
Tiens! Voilà les hirondelles

Rouge gorge et queue-de-pie
Au terme d’un long voyage
Portant sous nos appentis
L’Afrique dans leur sillage

Dans leur costume impeccable
Traversant la mer entière
Ell’s n’auront vu que du sable
Là où passent nos frontières

Aussi libres que le vent
À nos vœux toujours fidèles
Chaque année récidivant
Tiens! Voilà les hirondelles

Queue-de-pie et rouge gorge
Sur la partition des cieux
L’avenir que l’on se forge
Fragile autant que précieux

Est-ce un costume funèbre
Ou l’apparat d’une fête
Le grand jour ou les ténèbres
Là, sur la ligne de crête

À fleur d’eau de cet étang 
À nos vœux toujours fidèles
En bouquet s’y reflétant 
Tiens! Voilà les hirondelles

Feront-elles le printemps
À nos vœux toujours fidèles
Dirons-nous encor’ longtemps
Tiens! Voilà les hirondelles

Philippe Thivet
(27/04/2020)