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Les grands oiseaux

Les grands oiseaux ont-ils parfois
Cette envie foll' de tout quitter,
De voler jusqu'au dernier souffle
Sans mêm' savoir vers où aller ?

Ce soir encor' je prends ma plume,
Comm' d'autres vont prendre la mer,
A tire d'ail' je me consume
Au feu d'un désir éphémère.

Face à la mer ou peu importe,
Quand l'océan n'est qu'une flaque
Où chacun fièrement barbote
Avant qu' l'hiver ne contre-attaque.

Les grands oiseaux de tout là-haut,
Ont-ils des rêv's inaccessibles
Ou l'envie de se foutre à l'eau,
Lassés d'avoir servi de cible ?

Les grands oiseaux que l'on observe,
Semell's de plomb du bas des cieux,
Eux nous voient-ils comme des ombres,
Des points se prenant au sérieux ?

Ce soir encor' je vous écris,
Dans le brasier d'un soleil fou,
Juste à cette heure où tout rougi,
Juste avant l'entre chien et loup.

A contre-jour, à contretemps,
Déjà le même jour se lève,
Par-delà les flots bouillonnants,
Le feu ne connaît pas de trêve.

Les grands oiseaux ont-ils encore
La belle illusion d'un ailleurs,
L'envie de changer de décor,
En se rêvant des jours meilleurs ?

Les grands oiseaux ont-ils parfois
Cette étincelle au fond de l'œil,
Cette folie des grands rêveurs,
Vivant leur vie en trompe-l'œil ?

Je vous écris du bout du monde
Ou bien de la porte à côté,
Et si la Terr' n'était pas ronde,
Qui pourrait bien s'en étonner ?

Je vous envoie ses quelques mots,
Comme une bouteille à la mer,
Qui saura lire au fil de l'eau
Dans ces pensées où je me perds ?

Les grands oiseaux à tire l'aile,
Voient-ils seul'ment ce petit point ?
Qui se soucie d'un grain de sel
Ballotté au gré des embruns ?

Les pauvres oiseaux que nous sommes
Piaffent sans cesse d'impatience,
Pour nous balourds, nous pauvres hommes,
Le ciel n'est rien qu'un rêve immense.

Je vous écris d'un clair de lune,
Le temps se découpe en quartiers,
A cette horloge de fortune
Tournent nos rendez-vous manqués.

La nuit déjà est à son aise,
Fini les rêv's, il faut dormir.
Le jour d'avant n'est qu'une braise,
Qui s'éteint dans nos souvenirs.

Les grands oiseaux de tout là-haut,
Voient-ils le monde tel qu'il est,
Une boule de terre et d'eau
Dont chacun fait ce qui lui plait?

Et cet oiseau, là dans la haie,
Lui sait-il le ciel au-delà ?
Le même jardin à jamais
Peut-il suffire à nos ébats ?

Philippe Thivet
(08/08/2005)

 

 

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