Boa Sénior

Une langue s'éteint
Quelque part sur la Terre
Un chuchotis lointain
Qui s'apprête à se taire

C'est la voix d'un vieillard
Portant son dernier souffle
Un chant de la mémoire
Qui doucement s'essouffle

Une langue en passant
Emporte son histoire
Le murmur' déchirant
D'un appel dérisoire

Boa Sénior emporte
Sa voix comme un secret
Chantant la langue morte
Des Grands Andamanais
Boa Sénior emporte
Sa voix comme un secret

Un langag' oublié
Va s'éteindre sans bruit
Un pan d'humanité
Disparaît avec lui

C'est la voix qui se perd
Dans le bruit sourd du monde
Un écho solitaire
Sans rien qui lui réponde

Une langu' maternelle
Cri de la nuit des temps
Réchauffe sous son aile
Son tout dernier enfant

Boa Sénior emporte
Sa voix comme un secret
Chantant la langue morte
Des Grands Andamanais
Boa Sénior emporte
Sa voix comme un secret

Une parole encore
Aux lèvres moribondes
Replantant le décor
D'un monde qui s'effondre

C'est la voix millénaire
Contre vents et marées
Qu'une brise légère
Suffit à balayer

Une parole enfin
Pour s'avouer vaincue
Et le mot de la fin
Que l'on ne comprend plus

Boa Sénior emporte
Sa voix comme un secret
Chantant la langue morte
Des Grands Andamanais
Boa Sénior emporte
Sa voix comme un secret

C'est la voix de l'aïeule
Ayant le dernier mot
Couchant dans son linceul
Ce qu'il reste du Bo

Philippe Thivet
(10/02/2010)

 

 

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