Araucaria

(Le désespoir des singes)

Grand singe et petit homme
Sur la même chaloupe
Deux primates en somme
Ayant le vent en poupe

Curieux descendant
Ou bien chaînon manqué
L'homme a pris l’ascendant
Aussitôt débarqué

Si c’est de ce bois-là
Qu’on fait l’humanité
La forêt que voilà
Est bien mal habitée

Comme l'araucaria
Qui n'en a les méninges
Qu'on nomme ce paria
Le désespoir des singes

Aux histoir’s de famille
Où l’on lave son linge
Quel est celui qui brille
Entre l’homme et le singe?

La station verticale
Du grand mégalomane
Est un jeu radical
Dans ses mains de bimane

Si c'est de ce bois-là
Qu’on peuple la planète
La forêt que voilà
N’est que bois d’allumettes

Comme l'araucaria
Qui n'en a les méninges
Qu'on nomme ce paria
Le désespoir des singes

Prix Nobel ou primate
Les pieds dans le tapis
Quand les arbres s'abattent
Lequel a du dépit?

Voyez l’Homo sapiens
Qui ramène sa science
Ne voyant ce qui coince
Dans sa magnificence

Si c’est dans ce bois-là
Qu’on taille le progrès
La forêt que voilà
Pousse bien à regret
 
Comme l'araucaria
Qui n'en a les méninges
Qu'on nomme ce paria
Le désespoir des singes

Lequel regarde l’autre
Aux barreaux de ce zoo
Lequel des deux se vautre
À s’en rompre les os?

La planète des singes
Demeure une fiction
Drapé dans son beau linge
L’homme est doué d’irraison

Si c’est de ce bois-là
Qu’on fait l’intelligence
La forêt que voilà
Peut recompter ses chances

Comme l'araucaria
Qui n'en a les méninges
Qu'on nomme ce paria
Le désespoir des singes

Qu’ils aient une planète
Pour en fair’ leur éden
Lequel fera la bête
En s’inventant des chaînes?

En découvrant le feu
Pour ses soirées d'hiver
L’homme s’est pris au jeu
De ses effets pervers

Si c’est dans ce bois-là
Qu’on taille l’avenir
La forêt que voilà
Avait tant à nous dire

Philippe Thivet
  (03/08/2020)